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Article 5 : L'état d'être, la clé du réel changement. |
Le présent article fait suite à celui de Madame Ghislaine Turcotte du 6 août dernier intitulé : « Olympiades / jeu de mort ou intégrité et force de vie ». Je suis pleinement d’accord avec ce qu’elle écrit et j’aimerais y ajouter ma partie au sujet du sens et de l’état d’être en lien avec la campagne électorale actuelle.
En effet, depuis quelques articles déjà incluant celui d’hier, Madame Turcotte parle de l’état d’être, de l’intégrité comme état d’être. C’est, à mon sens, la clé majeure. Pourtant, cette clé est complètement occultée par les journalistes et non considérée par les politiciens en campagne.
Chaque jour, les journalistes de Radio-Canada et de RDI tels que Sébastien Bovet, nous rapportent les propos des différents candidats, ainsi que leurs promesses électorales. Ils soumettent ces promesses à l’épreuve des faits, sans s’impliquer véritablement à nous dire si lesdites promesses sont actualisables ou non. Le matin, dans son émission, Simon Durivage fait se confronter divers candidats dans un débat d’idées et d’opinions. Quant à Patrice Roy au Téléjournal de 18h, il va rencontrer des candidats sur le terrain et leur demande leur avis sur leur comté, sur ce qui peut influencer le vote, sur ce qui fait que la région de Québec est devenue libérale, …
Au bout du compte, tout cela n’est que du vent. Ce ne sont que des paroles. Les candidats ne font qu’émettre et ne sont appelés qu’à émettre des hypothèses, des souhaits, des présuppositions, des opinions relatives à une façon de voir les choses, des interprétations de ce qu’ils pensent que les gens veulent, … Des paroles en l’air quoi! Des paroles qui ne permettent pas à la population de voir plus clair quant au choix qu’elle a à faire.
Le gouvernement qui sera élu aura à faire face au concret de la réalité devant lui (exemple : la crise étudiante n’était pas prévue au moment des élections de 2008). Donc, prioritaires aux plans et aux promesses qui dépendront de ce qui sera possible de faire dans le concret sont le sens et l’état d’être. La véritable question à se poser est donc quel est le sens emprunté par chacun des partis? Est-ce celui de favoriser l’humain dans tous les choix qu’il aura à prendre? Est-ce celui de favoriser l’économie en premier peu importe les impacts sur l’humain (exemples du gouvernement Charest : achat de l’électricité produite par Rio Tinto Alcan par Hydro-Québec malgré le lock-out brimant les employés, financement tout récent accordé à une entreprise de la Mauricie pour le rachat des équipements d’Aveos au détriment de ses anciens employés)? Est-ce celui de soi-disant favoriser la démocratie en assurant l’hégémonie du système sur l’humain par des lois injustes adoptées selon les règles mais qui briment la liberté d’être, la liberté d’expression et la liberté d’association (exemples du gouvernement Charest : la loi 78 dont le joug est toujours présent et qui sous-tend toute cette campagne sans en être un enjeu véritable pour les partis politiques, ainsi que la loi spéciale imposant les conditions de travail aux juristes de l’État et procureurs de la Couronne et mettant fin à leur grève).
La CAQ et le parti québécois misent beaucoup sur l’intégrité comme sens à leur campagne électorale. Or, comme le dit Madame Turcotte, ce terme « intégrité » est utilisé à toutes les sauces sans être défini. L’intégrité n’est pas extérieure. Elle est intérieure. Elle suppose que la personne se connaît elle-même. Elle connaît ses croyances qui la rendent vulnérables et qui peuvent être exploitées pour obtenir d’elle ce que l’on veut. Elle demande aussi d’être cohérent entre ce que l’on dit et ce que l’on fait dans l’action concrète. Finalement, elle exige d’avoir une force assez grande pour maintenir son sens, quelque soit la forme qui se présente devant soi. L’intégrité, c’est un état d’être. Un état de liberté d’être, dégagé du désir de pouvoir et de reconnaissance. Ce n’est pas juste une petite affaire de ne pas accepter un pot-de-vin ou de modifier les règles de financement des partis politiques. La vision d’intégrité des partis politiques est trop petite et extérieure pour effectuer un changement véritable. Pour actualiser l’intégrité dans le concret, il faudrait un travail de fond sur eux-mêmes, sur leur nature d’être, sur le cadre de pensée qui motive leurs choix et les font agir dans le concret. Et ce n’est pas du tout ce qu’ils envisagent.
Quand j’observe l’état d’être des différents candidats, je ne vois pas l’état d’être d’intégrité en action. Pas même de la part de Jacques Duchesneau. Pourquoi? Parce qu’ils jouent des jeux pour se gagner la faveur populaire. Ils disent une chose, puis se reculent parce que leurs propos soulèvent un tollé (exemple de Duchesneau qui dit qu’il va nommer les ministres et qui doit se reculer sous prétexte de son inexpérience alors qu’il n’a pas dit cela sans fondement. Il faut préserver l’image que c’est le chef du parti le boss.). Parce qu’ils passent leur temps à attaquer leurs « adversaires ». Ils croient qu’en détruisant l’autre, ils ont plus de chances de gagner (croyance fausse). Pourtant, l’intégrité ne va pas avec la violence verbale et la hargne. Comme le dit Madame Turcotte : « Pourquoi penser l’élection dans le sens d’adversaires au lieu de l’état d’être de la personne menant à son élection? »
Deux exemples concrets d’état d’être n’allant pas dans le sens de l’intégrité me viennent en tête. Ces deux exemples viennent de candidats de la CAQ, mais l’absence d’état d’être d’intégrité est commune à tous les partis. Particulièrement, Jean Charest est passé maître dans l’art d’esquiver les questions et de répondre perversement en raillant et attaquant quelqu’un d’autre, tel que Pauline Marois.
Voici donc mes deux exemples :
- Le discours de Monsieur Barrette sur un médecin de famille pour chaque québécois. Dans celui-ci, il en a profité pour vilipender ses adversaires. Il parlait d’eux avec hargne, les appelant « Yves le premier » et « Réjean le deuxième ». Le journaliste de Radio-Canada Sébastien Bovet a dit de lui qu’il avait fait preuve d’éloquence. Je me suis demandée quelle était sa définition d’éloquence parce que, pour ma part, j’y ai vu non seulement de la hargne, mais une vision autoritariste de technicien qui veut arrimer un médecin avec un patient, nonobstant le libre choix des médecins et des patients qui doivent entrer en lien de confiance mutuel. Son état d’être est dur et intransigeant. Son discours reflète une vision de la médecine mécanique plutôt qu’humaine. À cet effet, il a fait un lapsus intéressant en parlant d’esclavage, pour ensuite se rattraper… Mais ce mot correspondait très bien aux propos qu’il tenait, les médecins devenant obligés de voir 1 000 patients par année et de se les faire assigner par l’État. Or, les journalistes que j’ai entendus à ce sujet de faisaient pas d’analyse critique véritable de ce discours, Monsieur Bovet le qualifiant même d’éloquent. Ils se sont simplement demandé si ça se pouvait que chaque Québécois ait un médecin de famille en un an. C’est tout. Ils ne sont pas allés voir ce qu’impliquait le discours de Monsieur Barrette en termes de vision de la médecine.
- À RDI, ce matin même, j’ai vu Monsieur Legault se faire demander s’il était toujours d’accord avec sa déclaration antérieure de 2009 dite lors de son départ du parti québécois où il faisait l’éloge de Madame Marois. Son état d’être est devenu mal à l’aise. Il a dit qu’elle avait des belles qualités, que c’était déjà pas mal de dire cela. Lui qui fonde sa campagne sur l’intégrité, pourquoi n’assume-t-il pas une déclaration qu’il a faite antérieurement? Pourquoi ne reconnaît-il pas ce que son œil voit de beau en Madame Marois? Pourquoi croit-il que pour gagner, il doit détruire l’autre? Pourquoi les politiciens croient-ils cela? Pourquoi ne sont-ils pas conscients qu’ils ont de la hargne et que cette hargne les gangrène de l’intérieur et gangrène aussi l’ensemble de la collectivité par le cynisme?
Les journalistes ne semblent aucunement outillés pour observer l’état d’être des candidats, pour voir le sens plus large qui se dégage de leurs programmes et promesses ainsi que pour déduire les valeurs et la vision qu’impliquent les propos dits par les candidats. Ils croient que les gens vont élire leur gouvernement en fonction des promesses faites par les partis politiques. Ils croient que ces promesses sont vraies. Et c’est seulement là-dessus qu’ils s’attardent. Ils ne s’attardent que sur les propos dits qui ne sont que du vent, pas la réalité. Comment peuvent-ils affirmer qu’ils sont là pour nous guider dans notre choix alors qu’ils ne s’attaquent pas au vrai, le vrai qui se voit par la cohérence entre ce qui est dit et l’état d’être et entre ce qui est dit et l’action mise de l’avant, mais seulement aux désirs et souhaits des partis politiques versus ceux de la population. Désirs et souhaits qui sont en l’air et dont la réalisation concrète dépendra de multiples facteurs, principalement la réalité concrète à laquelle le gouvernement aura à faire face et sa faculté d’être cohérent entre ce qu’il prône et son application dans le concret. Or, il existe une panoplie de lois qui accordent supposément des droits à l’humain, mais dont les règles supplantent le sens et fait en sorte que la mission visée n’est pas actualisée.
Les journalistes ne peuvent nous aider à voir clair parce qu’eux-mêmes ne voient pas clair. Ils sont obnubilés par leurs propres croyances. Ainsi, par exemple, au Téléjournal de 18h ce soir, Patrice Roy a dit très directement qu’il croit encore au jeu politique, qu’il croit à la bonne foi des candidats, ceci dans le cadre de son entrevue avec Gilles Parent, animateur d’une radio FM de Québec qui a organisé un concours pour mousser un candidat indépendant. Ses croyances se reflétaient dans ses questions, Patrice Roy ayant un état d’être rébarbatif envers Monsieur Parent ainsi que Monsieur Claude Roy, le candidat couronné par le concours, alors qu’il était très avenant, voire complaisant, envers Monsieur Gérard Delltell. Son état d’être avait un impact sur ses interlocuteurs, plaçant les deux premiers sur la défensive et mettant à l’aise le troisième. Le message que le téléspectateur reçoit à la maison s’en trouve faussé parce qu’il dépend de la vision du journaliste par rapport à ce qu’il croit vrai, à ce qu’il croit bon ou mauvais, acceptable ou non.
Les journalistes ne voient que l’aspect extérieur, les paroles pour les paroles, indépendamment de l’état d’être, du sens et de la vision qui se cachent derrière. Ils ne sont pas conscients de leur propre état d’être qui fausse l’information qu’ils transmettent. Pourtant, ils sont supposés être les spécialistes permettant aux gens de voir plus clair pour savoir pour qui voter! Problème il y a. Si les gens se fient aux paroles et à la renommée des candidats pour les élire, ils se tirent dans le pied. Ils vont répéter inlassablement le même scénario, en changeant uniquement la forme apparente.
Or, dans le Téléjournal de 22h d’hier, Céline Galipeau soulignait que le mot sur toutes les lèvres des électeurs était le changement. Pour qu’il y ait véritable changement, il faut passer par l’intérieur de soi pour voir les croyances qui nous habitent et nous font faire les choix que nous faisons. Il faut que l’humain se dégage de sa vision/croyance qui le fait accepter d’être asservi par la structure soi-disant pour son propre bien mais à son détriment et qu’il réclame son droit d’être, tout simplement. Je rejoins donc le souhait de Madame Turcotte : « En recherchant l’intérieur, tous se porteront mieux. »
Myriam Bohémier
Ghislaine Turcotte
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